Hors
normes : L'autre visage de l'autisme enfin dévoilé
- Oct. 2019
- par Jean-Luc ROBERT
- Psychologue à LezAPe
Un autisme sévère et violent :
Le film : "hors
normes" de Eric TOLEDANO et Olivier NAKACHE
porte bien son nom. Il s'agit en effet d'un film
qui ne se situe pas dans la norme de ce qui se fait
usuellement sur le sujet. Pour la première fois au
cinéma, le grand public se prend en pleine poire la face cachée de l'autisme,
celle qui n'est pas géniale et fascinante mais qui
désespère les familles et professionnels. Pour la
première fois au cinéma, on nous montre qu'on ne sait
pas quoi faire de cet autisme sévère qui se frappe la
tête contre les murs. On nous montre que leurs troubles
violents et parfois irascibles font peur à bon nombre
d'institutions qui préfèrent ne pas se charger de cette
trop lourde réalité, laissant encore une fois les
familles démunies.
Alors cet autisme "des égouts" pardonnez-nous l'expression, souffre forcément d'un manque de moyens criant qui ne fait qu'aggraver son cas. Des institutions sans agréments font le job comme elles peuvent :
- avec des éducateurs qui n'en
sont pas vraiment mais qui apprennent à le
devenir,
- avec un système D de tous
les instants qui flirte parfois avec le drame.
N'est-il pas étonnant que ces
autistes agités pour lesquels il faudrait "le plus de
moyens et le plus de sécurité", soient en réalité ceux
pour lesquels on donne le moins?
Un manque criant :
Le moins d'argent : Comme le film nous le montre, faire une prise en charge en 1 pour 1, trouver des murs sans voisins pour héberger ces autistes bruyants, leur fournir le matériel et les activités adaptés, coûte très cher. Et malheureusement, les subventions sont bien en deçà de ce qu'elles devraient être.
Le moins d'attention et de temps : Un autiste sévère est d'abord perçu comme une charge pour un employeur soucieux de sa productivité. Il est perçu comme une charge pour toute personne n'étant pas prête à donner de son temps pour répondre aux nombreuses sollicitations dont les demandes d'affection, les cris et la violence.
Le moins de qualité
: Demandez
à un parent combien il lui a fallu attendre et
batailler pour que son enfant puisse être pris en
charge par une orthophoniste formée à l'outils PECS,
et vous pourriez être surpris de la réponse. Alors
lorsque l'autiste souffre de troubles du
comportement sévères, autant vous dire que les
professionnels compétents ne se bousculent pas au
portillon pour le prendre en charge.
On ne va donc pas reprocher il me
semble, à des structures improvisées de faire ce
qu'elles peuvent et d'avoir le mérite de donner l'argent
qu'elles n'ont pas, leur attention et tout leur temps?
Le moins de
considération :
Eh bien si! Comme nous le montre le
film, la machine administrative et ses
outils législatifs n'ayant bien sûr aucune
idée de ce qu'est cet autisme sévère,
n'hésitera pas à menacer de fermeture ces
établissements au lieu des les aider
financièrement.
Le début d'une longue série?
Espérons alors :
- Que ce thriller
humaniste et drôle sur la différence touchera le
grand public au point de lui faire prendre conscience
de cet autre son de cloche de l'autisme qui a été trop
longtemps tu.
-
Que d'autres sons de cloche, sous entendu : "d'autres
vérités", verront le jour concernant l'autisme, car il
y aurait encore tant à dire sur le sujet,
>> comme par exemple :
- l’existence de l’enfant autiste-fusionnel ;
- l’impossible inclusion en milieu scolaire ;
- les prises en charge laxistes en institution ;
- la communication des lobbies hyperactifs pour assurer l’hégémonie de l’approche comportementale ou pour imposer la notion de neurodiversité ;
- le manque criant de soutien aux parents (financier et technique) durant la prime enfance une fois le diagnostic posé (Chap. 5.1) ;
- le business ABA…
"Et
la lune dans tout ça? - l'histoire vraie de
l'autisme tel qu'il est"
Une
immersion au coeur de « Ohalei Yaacov - le Silence des
Justes », l'association qui a inspiré le film "Hors
normes".
Auteur du livre : Ma vérité sur l'autisme, Jean-Luc ROBERT, N° ADELI : 779301076, consacre essentiellement sa carrière à l'étude et au traitement des troubles du comportement des enfants, notamment des autistes.