Les
limites de l'éducation positive 3
- Oct. 2022
- par Jean-Luc ROBERT
- Psychologue à LezAPe
>> EXTRAIT GRATUIT du livre ICI <<
A lire aussi : https://www.lezape.fr/articles/le-retour-de-l-autorite-est-il-possible.html
Une promotion de la
parentalité positive à son apogée
Selon
Maud
de Boer-Buquicchio, secrétaire adjointe du Conseil
de l'Europe : « la
parentalité positive se réfère à un comportement
parental fondé sur l'intérêt supérieur de l'enfant :
elle vise à l'élever et à le responsabiliser et lui
fournit reconnaissance et assistance pour lui
permettre de s'épanouir pleinement. »
Ainsi,
dans le beau monde de l'éducation positive, on
responsabilise l'enfant, et l'on suppose que
l'irresponsabilité qui va avec l'immaturité due à son
jeune âge, pourra être raisonnée sans qu'on lui fasse
supporter de contraintes. Car la punition est désormais
une contrainte jugée inacceptable, une pratique barbare
qui irait à l'encontre de l'intérêt supérieur de ce
dernier.
La production d'un rapport
intitulé : "Evolution de la parentalité" ne
laisse en effet plus de place au doute quant à la
farouche volonté du Conseil de l'Europe de promouvoir
une parentalité dite positive, qui impose la création de
relations qui seraient uniquement "positives" entre
l'enfant et ses parents.
Cette évolution au départ
réellement positive des droits de l'enfant, qui visait
en effet à les protéger contre la maltraitance morale et
physique, glisse doucement mais sûrement, vers
une évolution négative sans limites, favorisant
plus que jamais l'émergence d'un enfant-Roi, puis d'un
parent-Roi qui invective sans vergogne les professeurs
jugés trop sévères avec son enfant.
Dans cette société où l'on se
demande pourtant désespérément où est passée l'autorité
- une jeunesse qui pousse au burn-out les professeurs,
policiers, pompiers, ou tout autre figure d'autorité
qu'elle vomit - le Conseil de l'Europe nous affirme
pourtant droit dans les yeux, qu'il faut une parentalité
encore plus "positive", où l'on doit s'interdire de
mettre la limite suivante à son enfant : "ça
suffit, maintenant tu vas dans ta chambre pour te
calmer."
On suppose alors que lorsqu'un
enfant harcèle ses parents un dimanche après-midi pour
obtenir quelque chose qu'on lui a refusé, chose normale
pour un enfant qui doit faire l'apprentissage de la
frustration et des limites, il suffit désormais que l'on
s'agenouille pour lui faire entendre raison. Ce dernier,
attentif à ce discours positif, s'inscrira avec grâce
dans cette logique positive et arrêtera de bondir sur le
canapé. Parce que figurez-vous que dans ce monde
merveilleux, si l'adulte entend l'enfant dans son désir,
alors il est en retour entendu dans les limites qu'il
lui pose. Ainsi le la régulation du ça Freudien
pulsionnel, qui doit progressivement tenir compte des
limites posées par la réalité, est un apprentissage qui
se ferait dans la douceur, sans agir de méchantes
punitions qui laisseraient à jamais des traces mnésiques
néfastes (traumatisantes) chez l'enfant.
Une belle utopie qui
conduira au drame
Mais nous sommes bien là dans une
surprotection néfaste de l'enfant à mon sens. Car en
voulant éviter des punitions supposées maltraitantes et
traumatisantes, l'on en oublie que l'enfant est un être
immature qui ne sait pas ce qui est bon pour l'adulte en
devenir qu'il est. Lui demander ce qu'il veut à tout
instant est même une erreur qui lui fera croire qu'il a
toujours le choix. Il ne comprendra pas alors que les
adultes se trouvant dans son école lui imposent des
choses non négociables, puis ne comprendra pas une fois
adulte, que bien des choses lui soient également
imposées sans qu'il puisse avoir son mot à dire.
Pour cette raison, j'affirme sans
trembler un seul instant, que cette idéologie
hélas dominante de l'éducation positive, nous prépare
une société de violence, d'individualisme et
d'intolérance, ce qui est tout l'inverse de ce qu'elle
prône.
Auteur du livre : Ma vérité sur l'autisme, Jean-Luc ROBERT, N° ADELI : 779301076, consacre essentiellement sa carrière à l'étude et au traitement des troubles du comportement des enfants, notamment des autistes.